La reine internationale de la country a eu une enfance difficile : sa mère fournissait à elle seule les trois quarts des ressources financières du foyer pour élever ses cinq enfants et n'a pas toujours eu de quoi les nourrir. " J'ai été élevée aux sandwichs à la moutarde. " commente la star.
Deuxième enfant d'une famille recomposée de cinq, Eilleen Regina Edwards naît durant l'été 1965 à Windsor, Canada, mais passe son enfance dans la petite ville de Timmins, dans le Grand Nord canadien. Une contrée reculée et glacée qui n'offre que la misère comme horizon.
Dès son plus jeune âge, la jeune fille acquiert la force de se battre et le goût de la solitude. Parce que grandir dans une famille pauvre n'est pas une sinécure, Eileen apprend très vite à élever ses frères et soeurs et vient régulièrement en aide à son beau-père, travailleur forestier. Cette étrange enfant aux apparences fragiles sait manier la hache mieux que quiconque, et se réserve, dans ses rares moments d'intimité, le privilège d'écrire, de composer, et de chanter.
Certaine que sa fille possède un talent hors norme et qu'elle peut être, pour sa famille, une source de richesse, Sharon Twain pousse la petite fille à se produire sur scène. De concerts en émissions radiophoniques et télévisées, Eileen devient dès l'âge de huit ans Shania Twain, empruntant son nom à son beau-père indien Ojibway, et un prénom signifiant "je suis ma route".
"On me tirait souvent du lit vers 1 heure du matin pour m'emmener dans un club local pour jouer avec un orchestre. Vous comprenez, ils ne pouvaient pas m'emmener dans un débit de boissons avant 1 heure, heure à laquelle on arrêtait de servir. Je me levais et je chantais quelques chansons avec l'orchestre, et sans le savoir, j'avais déjà commencé une carrière professionnelle. A partir de l'âge de huit ans, je faisais les week-ends, avec des engagements occasionnels ici et là. Je faisais tout ce que mes parents pouvaient m'obtenir. Toutes les stations locales de télévision, toutes les stations de radio, toutes les salles municipales, toutes les maisons de retraite", dit-elle en riant.. "Ils m'ont tout fait faire!"
"Je me rappelle une fois, j'avais environ 11 ou 12 ans, je devais faire un spectacle loin de chez moi, et mes parents m'avaient mise seul dans le train. Environ une heure après être parti, je me suis rendu compte que ce n'était pas le bon train. Je demandais à tout le monde de stoppé le train, mais ils me disaient tous qu'à la prochaine station, je pourrais prendre le bon train mais je serais en retard pour mon spectacle, alors j'ai réussie à faire stopper le train, et je suis descendue toute seule avec ma guitare. Heureusement, un peu plus tard, un train venant sens contraire est passé et il m'a embarquée."
On pourrait se demander pourquoi ses parents, comme Shania le raconte, "étaient si préoccupés" de lancer leur fille dans une carrière musicale.
"Ma mère vivait pour ma carrière. Nous étions extrêmement pauvres lorsque j'étais enfant, et ma mère était souvent déprimée, avec cinq enfants et pas grand chose pour les nourrir. Elle savait que j'avais du talent et elle vivait avec l'espoir que mes capacités seraient pour moi une chance de m'en sortir mieux".
A l'âge de 21 ans, ses parents décèdent dans un accident de voiture. Orpheline, elle élève seule ses deux frères et sa soeur qui vont encore à l'école. La future Shania Twain, assume toutes les tâches ménagères, paie les factures et assiste aux réunions de parents d'élèves.
Trois ans plus tard, un par un, ses frères et soeurs partirent chacun de leur côté pour vivre leur vie. Cinq ans plus tard, elle se retrouve enfin libre, " comme une femme de 45 ans dont les enfants ont quitté la maison ".
"Quand ils sont partis, je me suis sentie comme une femme de 45 ans dont les enfants sont partis à l'université.J'avais ma vie entière à vivre maintenant. J'avais tout ce temps pour moi. Je n'avais pas à cuisiner et faire le ménage pour tout le monde. Je n'avais plus de factures à payer à part les miennes", explique-t-elle d'une voix animée. "Je ne devais plus aller aux réunions de collège. Je n'avais plus à aller les chercher après la classe pour les emmener dans des boums. Les conduire ici. Les conduire là. Je me sentais LIBRE !! Je me suis dit : "Maintenant que vais-je faire de ma nouvelle vie ?'' J'ai décidé que je voulais me lancer !"
"J'ai fait une maquette de musique originale, et je n'ai même pas eu à aller à Nashville. Mon agent (pendant longtemps ma copine Mary Bailey) s'est arrangée pour que Richard Frank, un avocat de Nashville, vienne assister à un spectacle au Canada. Il a saisi la balle au vol, et m'a obtenu un entretien avec le producteur Norro Wilson. Il m'a présentée à Buddy Cannon, qui travaillait chez Mercury Nashville à cette époque, et il porta ma bande directement au responsable du label. C'était fait!"
"Mes parents étaient passionnés par la country music", explique-t-elle. J'ai grandi en écoutant Waylon, Willie, Dolly, Tammy, tous, mais aussi les Mamas and les Papas, les Carpenters, les Supremes, les Jacksons, etc... mais comme interprète, lorsque j'étais enfant, c'était toujours de la country, c'est comme ça que j'ai grandi."
La bande et les réunions ont débouché sur un contrat et le premier album de Shania. Non seulement cet album a fait dresser les oreilles américaines, mais aussi il a obtenu beaucoup de succès à l'étranger, rapportant à Shania le prix du meilleur espoir de l'année de la chaîne Country Music Television Europe.
Elle signe, en 1993, un contrat pour un album qui malheureusement connaît un succès modeste.
Sa rencontre avec Robert John Lange, producteur de Def Leppard, de Bryan Adams, d'AC/DC et de Michael Bolton, va la propulser au firmament.
Son futur mari est avant tout celui qui va l'aider à écrire l'album de la consécration, "The Woman in me".
Une fois de plus dans la vie de Shania, sa carrière s'est entremêlée avec sa vie privée. Grâce à son art, elle a rencontré l'homme de sa vie, le producteur Robert John "Mutt" Lange, qu'elle a épousé. Voici comment cela est arrivé :
"Mutt est un grand fan de country music", dit-elle en riant. "Je suis peut-être sa princesse, mais Tammy Wynette est la reine ! Son instrument préféré est la guitare sèche. Il était devenu un de mes fans grâce à mon premier album et il voulait me rencontrer. Nous avons d'abord eu des conversations téléphoniques pendant plusieurs semaines avant de nous rencontrer. He got a hold of me through my manager. J'ignorais complètement qu'il était un producteur mondialement connu. Je ne lis pas les jaquettes des albums de pop et de rock. Ce qui fait que je n'étais pas intimidée. Sinon, je ne pense pas que j'aurais pu laisser ma créativité s'exprimer librement. Ça a vraiment bien marché. Nous sommes devenus de bons amis par téléphone, nous écrivions même des chansons et nous échangions nos idées. Nous étions tout à fait sur la même longueur d'onde. La première fois que je l'ai rencontré, cétait pendant la fête des fans de 1993, à Nashville, et depuis ce jour-là nous ne nous sommes plus quittés.
"Nous avons fini d'écrire la moitié de l'album, voyez-vous, avant de tomber amoureux. C'est un merveilleux, merveilleux mariage. Mon mari Mutt est le producteur de mes rêves et l'amour de ma vie. Ce sont deux personnes différentes en une seule, mais que pourrait désirer de plus
une femme ?
Comme auteur, Shania se sent un peu comme un enfant.
"L'écriture, c'est comme le coloriage", dit-elle, pensive, en marquant une pause. "Les enfants aiment colorier, ils n'ont pas besoin d'avoir une raison pour ça - tout simplement ça leur plaît. Pourquoi choisissent-ils l'orange plutôt que le rose, ou le vert et non le bleu ? Je l'ignore ... ils l'ignorent - ils le font, simplement. Ils n'ont pas d'inhibitions. Ils sont complètement ouverts à la créativité. C'est comme ça que je me sens vis à vis de l'écriture.
Shania est très fière du travail qu'elle a réalisé avec Mutt dans ce projet, pour lequel elle a écrit ou co-écrit chaque morceau.
" Whose Bed Have Your Boots Been Under tournait et retournait dans ma tête depuis deux ans", dit-elle. "Ce sera le premier CD 2 titres. J'en suis fière parce que le titre et la promotion semblent avoir attité l'attention de tout le monde. Je ne suis pas nouvelle dans l'écriture, mais plutôt nouvelle sur la scène. C'est vraiment bien de pouvoir se présenter avec un titre en lequel croit quelqu'un comme Mutt. Il pense que ce sera un tube. J'en suis enthousiasmée!"
"J'ai écrit le refrain de Home Ain't Where His Heart Is (Anymore) voici environ deux ans, et je l'ai chanté à Mutt lors de notre première conversation téléphonique. C'est là qu'il a compris que j'avais une capacité d'écriture qu'il voulait exploiter. C'est la première chanson que nous avons finie ensemble, la première que nous avons maquettée, la première que nous avons enregistré en studio à Nashville, et la première que nous avons mixée et terminée . C'est pourquoi nous avons pensé qu'elle ne pouvait que se trouver à la première place sur l'album.
Plusieurs des chansons de l'album reflètent l'alliance de la sensibilité country de Shania et de la production haut de gamme de Mutt.
'Any Man of Mine est aussi une chanson sur laquelle j'ai travaillé assez longtemps. Nous l'avons finie ensemble. Je pense qu'elle pourrait être la chanson choc de cet album. Elle combine le meilleur de nous-mêmes. Il y a mis tout ce qu'il savait en temps que producteur et auteur, pourtant c'est tellement moi que ce n'est pas drôle. Le titre est encore un bon exemple de la résultante de nos deux origines. C'est la combinaison de nous deux.
Une autre chanson qui tient une place à part dans le coeur de Shania est "God Bless the Child."
"Cette chanson est une berceuse que j'ai écrite après la mort de mes parents. J'allais marcher longuement dans la forêt avec cette chanson qui me trottait dans le tête. Je ne sais pas vraiment d'où est venue la mélodie. Quand j'ai rencontré Mutt, je l'ai chantée pour lui, et il a dit 'Wow- c'est magnifique!' . Nous ne l'avons même pas changée. Il n'y a pas de refrain, pas de couplets, seulement une pensée. . .pas d'histoire, pas d'accroche, rien de commercial. C'est seulement une pensée sincère et une émotion.
La chanteuse sent alors le besoin de se dépasser. L’année suivante, elle revient avec le disque Come On Over (1997). Très dynamique et communicative sur scène, elle passe près de deux ans en tournée. À la fin de 1999, Come On Over s’est vendu à plus de 36 millions de copies dans le monde, dont 20 millions uniquement en Amérique du Nord. La chanteuse quitte le gala des American Music Awards avec 4 trophées en main.
Ensuite, elle prend une année sabbatique. Elle se repose dans sa résidence en Suisse en compagnie de son mari. Le 21 août, elle donne naissance à son premier enfant, un garçon prénommé Eja. Elle profite de ce repos pour mettre la touche finale à son quatrième disque intitulé Up!. Le CD est lancé en novembre 2002.
Après des mois passés sur la route, la chanteuse canadienne lance, en novembre 2004, un album compilation. À la même période, la ville de Timmins lui rend hommage en inaugurant un musée qui porte son nom. En décembre 2004, Shania Twain vient de joindre le club très sélect des artistes ayant obtenu un disque double-diamant pour son CD Come On Over. Elle a vendu plus de 20 millions de copies de l’album en Amérique. Au mois d’août 2005, la bande sonore du feuilleton Desperate Housewives est lancée. Sur l’opus, la chanteuse country canadienne y interprète la pièce musicale Shoes.
La musique que Shania Twain a utilisé au départ comme une psychothérapie, à s'en faire saigner les doigts est aujourd'hui devenue son métier.
Un état de fait qu'elle a encore du mal à assumer : " Sans mon voyage à Nashville et ma rencontre avec John, je jouerais encore de la guitare, tous les soirs dans ma chambre et j'en serais très heureuse. ".
Subtil mélange de country et de rock à l'américaine, sa musique, sa voix et son physique séduisent plusieurs générations de fans.
Shania Twain a gravi peu à peu les marches du succès pour se hisser à la hauteur d'une Céline Dion ou d'une Maria Carey. Malgré une image réductrice de femme "jeune, jolie et sexy" qui lui colle à la peau, cette talentueuse auteur compositeur interprète a su démontrer, tout en bravant les expériences difficiles et les critiques, qu'elle était une véritable artiste.
La chanteuse vit aujourd'hui avec son mari sur les bords du lac Léman. Elle s'y plaît tellement qu'elle a décidé d'apprendre le français, promettant qu'elle pourrait tenir une conversation en français. C'est dans un studio de Montreux, non loin de leur propriété, que le couple travaille et enregistre les nouveaux albums.